Qu’est-ce que l’adultisme ?
Le pouvoir des adultes sur les enfants.
Une introduction pour les jeunes [Französisch]
Manfred Liebel & Philip Meade
Avec des dessins de Natascha Welz
Traduit en français par Manfred Liebel, Marnie Valentini et Catherine Barret
Table des matières
- Remarque préliminaire
- L’adultisme en bref
- Quand l’adultisme a-t-il commencé ?
- L’adultisme aujourd’hui
- Pourquoi l’adultisme existe-t-il ?
- Que peut-on faire contre l’adultisme ?
- Glossaire
- À propos des auteurs et de l’illustratrice
- Texte de couverture
- Mentions légales
Remarque préliminaire
Nous, Manfred et Philip, avons écrit un livre sur l’adultisme (nous expliquons plus loin ce que c’est). Vous trouverez sur internet notre livre écrit en allemand à l’adresse suivante : https://bertz-fischer.de/adultismus.
Nous travaillons tous les deux dans une université où l’on enseigne les droits de l’enfant. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec des enfants et des adolescents et nous sommes tous les deux parents.
Le livre mentionné ci-dessus est long et rédigé dans un langage difficile. Nous essayons ici d’en résumer le contenu dans un langage simple. Cette introduction a été lue et corrigée par six jeunes avant d’être publiée. Il s’agit notamment de Jana Reischel, Lijan Christ, Lino F. et Linus Budde.
Les jeunes doivent également pouvoir s’informer sur le thème de l’adultisme. Ils en ont souvent fait eux-mêmes l’expérience et ont leurs propres idées à ce sujet. Nous sommes heureux lorsque les enfants racontent ou écrivent eux-mêmes sur leur expérience de l’adultisme. Ils peuvent par exemple le faire dans un zine ou un blog. Nous en connaissons déjà quelques-uns et donnerons des exemples plus tard dans le texte.
L’adultisme en bref
Quand t'a-t-on demandé ton âge pour la dernière fois ?
(De temps en temps, nous posons des questions pour faire réfléchir. Ce n’est pas un test… vous n’êtes pas obligés d’y répondre.) 😉
Les jeunes sont plus souvent interrogés sur leur âge que les personnes plus âgées. Il y a une raison à cela. La plupart des sociétés du monde répartissent les gens en groupes. Elles font la distinction entre les enfants, les adolescents et les adultes. Selon les Nations unies, toutes les personnes en dessous de 18 ans sont des « enfants ». Les adolescents font donc aussi encore partie des enfants. La plupart du temps, on dit que les adultes sont plus intelligents, qu’ils peuvent faire plus de choses et qu’ils ont plus de droits que les enfants. C’est pourquoi ils pensent qu’ils peuvent dominer les enfants. Les enfants sont souvent traités de manière irrespectueuse. C’est ce que nous appelons « adultisme ».
On reconnaît l’adultisme, par exemple, à la manière dont les adultes parlent aux enfants. Nous entendons souvent les phrases suivantes lorsque nous sommes jeunes.
Les adultes ordonnent aux enfants de faire ou de ne pas faire certaines choses :
- Regarde-moi quand je te parle !
- Range tes affaires !
- Donne la main à ta tante.
- On ne coupe pas la parole aux adultes !
Les opinions et les sentiments des enfants ne sont pas pris au sérieux par les adultes :
- Ne dis pas de bêtises !
- Ne sois pas stupide.
- Ne fais pas le malin !
- C’est des trucs de gosses.
Les adultes menacent les enfants ou leur font honte :
- Si tu ne finis pas ton assiette, tu n’auras pas de dessert !
- Tu n’as pas honte ?
- Tu veux vraiment que je te gronde ?
- Tu vas t’en prendre une !
Et les adultes montrent qu’ils ne pensent pas que les enfants soient très intelligents :
- Ce n’est pas pour les enfants !
- Tu es trop petit pour ça.
- Tu ne peux pas en juger.
- Qu’est-ce que tu en sais ? Tu n’as encore rien vécu !
Souvent, les adultes parlent mal des enfants quand ils ne sont pas là. Ou ils donnent des réponses alors que les questions sont posées aux enfants et qu’ils pourraient y répondre eux-mêmes. Ou ils font pression sur les enfants. Ou parfois, les adultes ne font tout simplement pas attention aux enfants. La plupart du temps, les enfants doivent dire « vous » aux adultes, mais ils sont toujours tutoyés. Pour ne pas avoir à prendre les enfants au sérieux, les adultes disent qu’ils sont « mignons » ou « adorables ». Si quelqu’un fait quelque chose d’idiot ou de stupide, on dit que c’est « enfantin » ou « puéril ». Souvent, les adultes se permettent de toucher les enfants sans leur demander la permission et sans savoir si l’enfant le souhaite. Ou même, les adultes peuvent frapper les enfants.
Le « Manifeste anti-adultiste » d’un garçon de 17 ans en Espagne donne d’autres exemples :
- T’empêcher de prendre tes propres décisions, par exemple si tu veux porter des boucles d’oreilles, ou t’interdire d’aller à certains endroits ou de porter certains vêtements, c’est de l’adultisme.
- Te dire que tu es capricieux-se parce que tu refuses de faire, de manger ou de penser certaines choses qu’on ne reprocherait jamais à un adulte, c’est de l’adultisme.
- Refuser de te donner des réponses à des questions fondamentales sur la sexualité, la politique ou la religion, ou te mentir parce que tu n’es soi-disant pas encore assez mûr, c’est de l’adultisme.
- T’exploiter en raison de ton jeune âge par le biais de contrats à la noix en tant que stagiaire ou « pour acquérir de l’expérience », c’est de l’adultisme.
- Faire passer les jeunes pour des voyous, des drogués, des alcooliques ou des bons à rien et répandre cela dans une multitude de films et de séries, c’est de l’adultisme.
- Punir des jeunes pour des actes qu’on ne reprocherait jamais à un adulte, c’est de l’adultisme.
- Te forcer à adopter un certain comportement sans te donner de raisons, c’est de l’adultisme.
- Te refuser des droits en ne te reconnaissant pas comme un être humain avec un esprit humain, un corps humain et la capacité de penser, de décider et de ressentir … tout cela, c’est de l’adultisme.
Tu trouveras le manifeste en espagnol ici : https://distripolaris.noblogs.org/files/2015/04/El-Manifiesto-Antiadultista-con-e.pdf
On trouve des exemples d’adultisme dans la famille, à l’école, dans les services d’aide à la jeunesse, dans les cabinets médicaux, dans les lois ou dans la rue. Par exemple, seuls certains enfants ont le droit de décider où aller en vacances. Les élèves ont très rarement leur mot à dire sur ce qu’ils veulent apprendre. Pendant les années Covid, on ne demandait guère l’avis des enfants. Ils ont toujours été laissés pour compte. Les pédagogues contrôlent les enfants parce qu’ils veulent les protéger. Les médecins disent qu’à partir d’un certain âge, les enfants doivent pouvoir faire certaines choses. En Allemagne, les enfants de moins de 13 ans ne peuvent pas gagner d’argent, même s’ils le souhaitent. Les enfants ne sont pas consultés lorsque quelque chose de nouveau est construit dans leur quartier. Partout, il y a des routes pour les voitures des adultes. Mais dans de nombreux endroits, il y a des panneaux qui interdisent aux enfants de jouer au ballon.
Il existe bien d'autres exemples où les enfants sont désavantagés ou méprisés. Lesquels connais-tu dans ta vie ?
Nous pensons que tous ces exemples sont « adultistes ». Notre société est adultiste depuis très longtemps. Nos parents et nos ancêtres ont également connu l’adultisme lorsqu’ils étaient jeunes. Mais les adultes ne sont pas les seuls à pouvoir être adultistes avec les enfants. Les enfants et les adolescents peuvent eux aussi être adultistes avec les plus jeunes. Par exemple, lorsqu’ils se moquent des plus jeunes ou les rabaissent en raison de leur âge.
De nombreuses personnes ne remarquent même pas que l’adultisme existe ou n’y voient aucun problème. Cela s’explique par le fait que l’adultisme est très fréquent : presque tout le monde y est habitué depuis l’enfance. Pour nous tous, l’adultisme est pour ainsi dire tout à fait normal. C’est la raison pour laquelle on en parle peu dans les écoles et les universités et on y consacre peu de recherches. Ces dernières années, certains adultes ont toutefois fait de l’adultisme un sujet de discussion. Et les jeunes se plaignent depuis longtemps de l’adultisme, même s’ils n’utilisent pas ce mot.
L’adultisme peut avoir de nombreux effets différents sur les enfants. Par exemple, ils peuvent manquer de confiance en eux, se sentir impuissants ou douter d’eux-mêmes. D’autres enfants sont frustrés ou se mettent en colère. Certains enfants se défendent face à l’adultisme. D’autres se replient sur eux-mêmes et deviennent silencieux ou tristes. Certains sont méchants avec les enfants plus faibles. Néanmoins, la plupart des enfants essaient de s’entendre d’une manière ou d’une autre avec les adultes dans la vie quotidienne.
Les adultes ne sont pas toujours délibérément adultistes. Parfois, ils ne réfléchissent tout simplement pas. Parfois, ils veulent prendre leurs aises. Ou bien ils pensent qu’en contrôlant, ils auront moins à s’inquiéter. Parfois, ils n’ont pas le choix parce qu’ils ne savent pas du tout comment faire autrement. Rares sont ceux qui veulent vraiment faire du mal aux enfants.
Adultisme vient du mot « adulte ». Le suffixe « -isme » indique que les gens croient que les adultes sont meilleurs que les enfants. L’adultisme est une forme de « discrimination », c’est-à-dire que certaines personnes ont plus de pouvoir que d’autres et sont donc avantagées. La discrimination signifie également que les personnes moins puissantes sont dévalorisées et mal traitées. La discrimination existe aussi sous d’autres formes. Par exemple, les femmes ont souvent moins de pouvoir que les hommes, les Noirs moins de pouvoir que les Blancs et les pauvres moins de pouvoir que les riches. Ces formes de discrimination ont également des conséquences pour les enfants. Chaque enfant vit donc ses propres expériences bien particulières. Par exemple, les filles font d’autres expériences que les garçons. Et les filles noires font d’autres expériences que les filles blanches. C’est pourquoi la discrimination est vécue différemment par chacun.
Normalement, les gens ne doivent pas être discriminés. Il existe différentes lois contre la discrimination. En Allemagne, par exemple, il existe depuis 2006 une loi générale sur l’égalité de traitement. Malheureusement, cette loi traite de nombreux types de discrimination, mais pas de l’adultisme. Depuis 1989, la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant s‚applique spécifiquement aux enfants. Nous y reviendrons plus tard.
Nous pensons qu’il est important de parler et d’écrire sur le thème de l’adultisme. Car nous avons constaté que de nombreux jeunes sont heureux d’en parler. Ils trouvent enfin un mot pour quelque chose qu’ils vivent tous les jours. Et avoir ce mot est utile pour se défendre contre l’adultisme.
Qu'est-ce que tu trouves juste ou injuste dans les relations entre adultes et enfants ?
Nous voulons changer les relations entre les adultes et les enfants. Nous voulons que les adultes partagent leur pouvoir avec les enfants. Nous voulons que les droits des enfants soient respectés et qu’ils participent aux décisions. Nous voulons mettre fin à la discrimination. Les jeunes et les moins jeunes auraient alors une vie meilleure.
Quand l’adultisme a-t-il commencé ?
L’adultisme n’est pas nouveau. Il y a plusieurs milliers d’années déjà, les adultes ont commencé à prendre des décisions concernant les enfants. C’était à l’époque où les hommes ne se déplaçaient plus avec leur famille et leurs animaux. Au lieu de cela, ils restaient au même endroit : ils sont devenus « sédentaires ». Les tâches étaient alors réparties entre les membres de la famille. Les enfants plus âgés devaient s’occuper de leurs frères et sœurs plus jeunes. Ils devaient également effectuer des tâches domestiques. La plupart du temps, c’était le père qui avait autorité sur les enfants (et aussi sur les femmes).
Depuis, de nombreuses idées se sont développées sur ce que les enfants doivent être et ce qu’ils doivent faire. Entre autres, des « rites d’initiation » ont été introduits. C’était une sorte de test que les enfants devaient passer pour avoir le droit de devenir « adultes ». Souvent, ces tests étaient dangereux ou douloureux. Avec eux, les adultes voulaient contrôler les enfants en leur faisant peur. Certains rites d’initiation ont perduré jusqu’à aujourd’hui. Par exemple, la communion ou la confirmation à l’église.
Il y a environ 3000 ans, de grandes sociétés existaient dans des pays qui s’appellent aujourd’hui par exemple la Chine, l’Inde, la Grèce, l’Italie ou le Mexique. Là-bas, ce sont surtout les lois et les tribunaux qui ont contribué à l’adultisme. Les adolescents pouvaient être chassés de leur famille s’ils ne se « comportaient pas bien ». Les bébés pouvaient être tués sans que leurs parents soient punis. Heureusement, cela a changé aujourd’hui.
En Europe surtout, les enfants n’ont pas été bien traités au cours des mille dernières années. Au nom des religions, les enfants pouvaient être frappés avec un bâton. Car les enfants devaient se comporter exactement comme il est écrit dans les « livres saints », par exemple dans la Bible. Les coups étaient appelés « corrections », alors qu’il s’agit en fait de « violence ». Les parents décidaient également avec qui leurs enfants devaient se marier et quel métier ils devaient apprendre.
Il y a environ 500 ans, les Européens ont commencé à conquérir les continents africain, américain et asiatique grâce aux bateaux. Ils se sont crus autorisés à prendre tout simplement le contrôle des populations qui y vivaient depuis longtemps. Ils les ont fait travailler pour eux et les ont torturés. Ils ont apporté en Europe des choses qui ne leur appartenaient pas vraiment. Cela s’appelle la « colonisation », qui a duré jusqu’après la Seconde Guerre mondiale et se poursuit encore aujourd’hui. Les populations locales ont été particulièrement maltraitées. Plusieurs millions de personnes dans les pays colonisés sont mortes à cause de l’exploitation brutale ou ont été assassinées dans des guerres.
Les Européens prétendaient que les personnes vivant là-bas étaient comme des enfants. Ils pensaient donc pouvoir exercer une influence sur ces personnes. Ils ont appelé leurs pays d’origine la « mère patrie ». Dans beaucoup de ces sociétés, les enfants étaient à l’origine mieux traités qu’en Europe. Par exemple, les enfants n’étaient presque jamais punis et ils avaient beaucoup plus de droits. Les Européens auraient donc pu apprendre quelque chose d’eux.
Cependant, il y a environ 300 ans, la nature de l’adultisme a commencé à changer en Europe. À l’époque, de nombreux points de vue sur les choses ont changé. Par exemple, le fait que le Soleil ne tourne pas autour de la Terre, mais l’inverse. Cette période est appelée le « siècle des Lumières ». Certains adultes se comportaient moins sévèrement avec les enfants. Les enfants avaient plus d’espace pour jouer de temps en temps. Les adultes ont alors inventé « l’éducation ». Ils voulaient que les enfants apprennent davantage et se développent plus sainement. Malgré cela, l’éducation suivait toujours les idées des adultes. C’était un peu comme s’ils voulaient apprivoiser un animal sauvage. Les enfants n’étaient toujours pas libres et n’avaient pas le droit de participer aux décisions. Leurs souhaits n’étaient pas pris au sérieux. Ils n’avaient donc pas d’autre choix que de s’adapter. Des institutions spécialisées ont même été créées pour « l’éducation », avec des adultes spécialement formés : des jardins d’enfants et des écoles, mais aussi des foyers et des prisons.
L’adultisme aujourd’hui
L’adultisme se manifeste aujourd’hui dans de nombreuses situations. Nous en avons déjà cité quelques-unes au début.
Au sein de la famille, les enfants sont totalement dépendants de leurs parents. La plupart du temps, ce sont les parents qui dictent quand et où les enfants doivent faire quelque chose. Par exemple : se lever, aller se coucher, manger, jouer, apprendre ou avoir du temps libre. Certains parents sont méchants, voire violents, avec les enfants, sans que personne en dehors de la famille ne le sache. Cela peut aussi arriver aux enfants qui vivent dans un foyer ou dans des familles d’accueil. Cela arrive particulièrement souvent aux enfants issus de familles pauvres ou aux enfants « handicapés ». Dans la plupart des pays, il existe des lois visant à empêcher cela. Par exemple, en Allemagne le droit à une éducation non violente. Mais la plupart des enfants ne connaissent pas bien les lois et on ne les leur explique pas non plus. Ils ne savent généralement pas qu’ils ont des droits ou à qui ils doivent s’adresser. Il est donc très difficile pour eux de faire valoir leurs droits.
Est-ce que tu t'es déjà adressé(e) à un adulte en qui tu as confiance dans une situation de détresse ? Cela pourrait être quelqu'un de la maison des jeunes, de la mission locale ou un centre d’accueil et d’écoute. Sais-tu comment les contacter en cas d'urgence ? En Allemagne, tu trouveras quelques numéros d'urgence et points de contact sur le portail familial : https://familienportal.de/familienportal/lebenslagen/krise-und-konflikt/krisetelefone-anlaufstellen. En France, il s'agit des MDA (Maisons des adolescents) : https://www.filsantejeunes.com/carte_mda ou des PAEJ (Points accueil écoute jeunes) : https://www.cartosantejeunes.org/?CartoSante.
L’éducation au sein de la famille utilise des récits que les grands-parents transmettent aux parents et que ceux-ci transmettent aux enfants. Il s’agit par exemple de contes dans lesquels les enfants sont battus, brûlés ou tués parce qu’ils ne se comportent pas correctement. Cela a pour but d’effrayer les enfants. Certains livres et chansons pour enfants sont également destinés à intimider les enfants. C’est pourquoi une militante des droits de l’enfant du nom d’Ellen Key a réclamé il y a plus de 100 ans déjà un droit particulier : les enfants doivent pouvoir choisir eux-mêmes leurs parents.
Est-ce que ça te plairait de pouvoir choisir tes parents ?
L’adultisme joue également un rôle important à l’école. Les enseignants ont beaucoup de pouvoir. Ils peuvent décider de presque tout ce qui se passe dans la salle de classe. Ils décident de ce que les élèves apprennent, où et quand. Ils jugent les élèves et leur donnent des notes. C’est pourquoi les élèves travaillent souvent moins ensemble que les uns contre les autres. Ce que les enfants doivent apprendre à l’école n’est souvent pas intéressant pour eux. Ils se posent souvent des questions très différentes. De plus, qui a dit que les enseignants ne pouvaient pas apprendre quelque chose des élèves ? Jusqu’à il y a environ 50 ans, les enseignants allemands avaient même le droit de frapper les élèves.
Les enseignants ont probablement eux-mêmes peur que tout se passe mal dans la classe et de ne plus pouvoir contrôler les élèves. À l’école, les enfants sont censés apprendre à devenir de bons citoyens et des travailleurs assidus. Si les enseignants n’y parviennent pas, d’autres adultes disent qu’ils ne font pas bien leur travail. De nombreux enfants ne veulent pas aller à l’école. En Allemagne et dans de nombreux autres pays, les enfants sont pourtant obligés d’aller à l’école (c’est l’« enseignement obligatoire »). Pourtant, les écoles pourraient être très différentes. Elles pourraient davantage respecter les émotions, les intérêts et les souhaits des élèves. Nous y reviendrons plus tard.
L’adultisme est aussi souvent présent dans les lois, les tribunaux et la politique. De nombreuses lois sont discriminatoires à l’égard des enfants et des jeunes adultes. Par exemple, de nombreuses lois stipulent que les jeunes peuvent être payés moins que les personnes plus âgées pour le même travail. De plus, les enfants ne sont pas autorisés à participer à l’élaboration des lois.
La Convention des droits de l’enfant des Nations unies promet beaucoup de bonnes choses aux enfants. Par exemple, l’opinion des enfants doit être entendue lorsque les adultes prennent des décisions les concernant. De plus, les enfants doivent être entendus et soutenus lors des procès. Mais la Convention des droits de l’enfant stipule également que les adultes peuvent continuer à décider quand et sur quoi les enfants sont consultés. Et lorsque les enfants sont consultés, leur avis compte souvent moins que celui des adultes. Cela peut avoir des conséquences particulièrement graves. Par exemple, lorsque les enfants, les parents et les médecins ne sont pas d’accord pour savoir si un enfant doit être opéré. L’avis de l’enfant est parfois écouté, mais généralement pas pris très au sérieux.
Ce n’est que lorsque les personnes ne sont plus « mineures », c’est-à-dire lorsqu’elles atteignent l’âge de 18 ans, qu’elles jouissent de tous leurs droits. Certaines personnes souhaitent donc réécrire la Convention relative aux droits de l’enfant. Le mieux serait que les enfants participent à la réécriture. En Allemagne, les politiciens débattent actuellement pour savoir si les droits de l’enfant doivent être inscrits dans la Constitution.
Les enfants ne peuvent ni voter ni être élus. Cela signifie qu’ils n’ont aucune influence sur les décisions politiques. Mais il y a aussi d’autres raisons pour lesquelles les jeunes ont peu à dire en politique. L’une d’entre elles est que la plupart des enfants trouvent la manière de faire de la politique ennuyeuse. Les politiciens utilisent un langage difficile et parlent très longtemps. Et les sujets n’intéressent souvent pas les jeunes. Une autre raison est que les gens sont de plus en plus âgés dans la société. Cela signifie que plus de personnes âgées que de jeunes votent et peuvent donc décider de plus de choses.
Aimerais-tu pouvoir voter ? Qu'est-ce qui changerait si tous les enfants pouvaient voter ?
Il existe d’autres endroits où l’adultisme se manifeste. Par exemple, les enfants ne sont parfois pas autorisés à entrer dans les magasins, les cafés ou les hôtels. Ou encore, il y a des endroits où les enfants ne peuvent pas jouer au ballon, d’autres où les jeunes ne peuvent pas se rencontrer. La plupart du temps, les adultes disent que c’est parce que les enfants ou les jeunes peuvent être bruyants ou dangereux. Ou parce qu’ils pourraient voler ou casser quelque chose.
L’adultisme a également un impact sur la manière de construire. Les poignées de porte, les interrupteurs, les marches d’escalier, les comptoirs, les tables, les chaises, les toilettes, les lavabos et les enseignes sont à hauteur d’adulte. La plupart des villes sont construites pour les adultes qui savent conduire. Les enfants ne peuvent y jouer que sur des terrains de jeu clôturés. Ils doivent toujours être transportés d’un endroit à l’autre par des adultes.
Parfois, les adultes veulent faire quelque chose de bien pour les enfants, qui est malgré tout adultiste. Par exemple, lorsque les adultes veulent protéger les enfants des dangers. Nous pensons qu’il est important de protéger les enfants des dangers qu’ils ne voient pas eux-mêmes. Par exemple, lorsqu’un enfant court sur une route avec beaucoup de voitures. Mais en Europe, les enfants sont protégés plus que nécessaire. Par exemple, il y a beaucoup de choses qu’ils ne peuvent faire qu’à partir d’un certain âge. Ils ne peuvent vraiment travailler qu’à partir de 15 ans. Ils ne peuvent conclure un contrat sans l’accord de leurs parents qu’à partir de 18 ans.
Les adultes ont peur qu’il arrive quelque chose aux enfants. C’est pourquoi ils interdisent beaucoup de choses aux enfants et les contrôlent. Mais cela peut parfois être discriminatoire. Par exemple quand les enfants veulent travailler et gagner de l’argent. Parfois, les adultes interdisent aux enfants tout ce qui a trait au sexe. Ou alors ils n’abordent pas le sujet. C’est un problème. Nous pensons en revanche qu’il est important de pouvoir parler ouvertement de sexe avec les enfants, si cela les intéresse. Il faut les aider à poser eux-mêmes des limites et à respecter les sentiments des autres. Bien sûr, les adultes doivent protéger les enfants des personnes qui sont méchantes avec eux.
De nombreux adultes pensent qu’ils sont meilleurs et plus importants que les enfants. Ils ne prennent pas les enfants au sérieux et les excluent des décisions. Les enfants sont également tenus à l’écart de choses qui pourraient être importantes. Par exemple, ils ne peuvent pas ouvrir eux-mêmes un compte bancaire ou acheter certaines choses. S’ils appellent une ambulance, ils ne reçoivent aucune aide dans certains pays. Nous pensons qu’il est injuste de faire dépendre ces choses uniquement de l’âge. Car même les plus jeunes peuvent être assez intelligents pour faire ces choses. L’âge ne dit pas grand-chose sur ce qu’une personne sait ou peut faire.
Parfois, les adultes veulent « exploiter » les enfants. Cela signifie que les enfants doivent faire quelque chose pour eux sans rien recevoir en retour. Par exemple, les enfants doivent se mettre en rang pour une photo. La photo est imprimée dans un livre. Le photographe reçoit de l’argent pour la photo, mais les enfants ne reçoivent rien.
Si les adultes détruisent la Terre, c’est aussi de l’adultisme. Dans l’avenir, les enfants d’aujourd’hui auront probablement de gros problèmes à cause de cela. Car les adultes ne prennent pas bien soin de la Terre. Le changement climatique, notamment, est un énorme problème, en premier lieu dans les pays pauvres. Or, les enfants ont besoin de la nature et de l’environnement pour grandir en bonne santé. Ils ont par exemple besoin d’eau propre, d’air frais, de plantes et d’animaux pour vivre. Dans certains pays, les enfants grandissent déjà en mauvaise santé ou meurent prématurément.
Connais-tu Fridays for Future, la Dernière Génération ou un autre groupe de jeunes qui s'engagent pour la planète, la nature ou l'environnement ?
Pourquoi l’adultisme existe-t-il ?
Venons-en donc à la question de savoir pourquoi les adultes sont adultistes. Pourquoi pensent-ils tout le temps que les enfants savent et peuvent faire moins qu’eux ? Pourquoi n’écoutent-ils pas les enfants ou ne les prennent pas au sérieux ? Pourquoi veulent-ils utiliser ou exploiter les enfants simplement parce qu’ils sont plus jeunes ou plus petits ? Pourquoi pensent-ils que les enfants sont moins importants que les adultes ? Beaucoup de choses ont contribué à cette situation.
Au cours des derniers siècles, une certaine image des enfants s’est répandue :
- Les enfants ne pensent qu’à eux-mêmes.
- Les enfants ne peuvent pas comprendre les choses compliquées.
- Les enfants n’écoutent pas ce qu’on leur dit.
- Les enfants ne font pas les choses « comme il faut ».
- Les enfants sont sauvages et injustes.
Tout cela peut être vrai parfois. Mais c’est tout aussi vrai pour les adultes. Et comme tu le sais certainement, les enfants peuvent aussi être très différents !
Mais pourquoi les adultes ont-ils de telles idées ? Il y a plusieurs raisons à cela. L’une d’entre elles est que les psychologues ont fait des recherches sur certains enfants au siècle dernier. Ils ont alors pensé qu’ils connaissaient bien les enfants, et que ce savoir s’appliquait à tous les enfants. Les chercheurs n’ont pas tenu compte du fait que les enfants pouvaient être différents à d’autres endroits et d’autres époques. Ils ont appris aux autres adultes que les enfants devaient être comme ceci ou comme cela. Ils pensent par exemple que tous les enfants du même âge savent et peuvent faire la même chose, et d’autant plus qu’ils sont plus grands. Ils ne posent donc plus aucune question aux enfants auxquels ils ont réellement affaire. Ils ne s’intéressent plus à ce que les enfants ne savent déjà ni à leur façon de voir le monde.
De plus, les adultes veulent souvent que leurs enfants deviennent comme eux. Ils veulent qu’ils vivent les mêmes expériences qu’eux. Ou qu’ils apprennent le même métier. Mais chaque personne doit faire ses propres expériences. Et suivre son propre chemin.
Certains adultes se trouvent eux-mêmes dans une situation difficile. Ils n’ont peut-être pas assez d’argent. Ils sont peut-être stressés. Mais peut-être n’ont-ils tout simplement pas appris à faire mieux. La plupart des adultes ont eux-mêmes été traités de manière adultiste dans leur enfance.
Mais les adultes sont parfois aussi paresseux et ne veulent pas réfléchir. Cela leur fait plaisir d’être « adultes ». Dans la société, la norme est d’être adulte. Personne ne s’en émeut. Ainsi, les adultes peuvent facilement décider pour les enfants. Ils pensent que les enfants doivent toujours être guidés par eux. Ils n’ont donc pas besoin d’expliquer pourquoi ils demandent ceci ou cela aux enfants. L’une des conséquences est que les enfants veulent eux-mêmes devenir le plus rapidement possible des adultes. Car alors, ils pourront faire comme eux.
Quels sont les adultes que tu connais qui ne se comportent pas de manière adultiste ? Qu'est-ce qu'ils font de différent ?
On ne sait pas exactement quand l’adultisme a commencé. Nous avons déjà écrit pourquoi les humains se sont divisés en groupes d’enfants et d’adultes. Et que ces derniers ont été traités différemment. Les adultes ont ensuite peu à peu acquis du pouvoir sur les enfants. Ce pouvoir s’est toujours transmis. Nous avons vu ce qui y a contribué : le langage, les contes de fées, l’école, les règles, les lois et la politique par exemple. Aujourd’hui, l’adultisme se manifeste presque partout dans la vie quotidienne des enfants et des adultes.
L’adultisme est mauvais pour les enfants. Mais il n’est pas non plus forcément bon pour les adultes. Par exemple, une des conséquences est qu’ils ont de moins bonnes relations avec les enfants. La cohabitation est alors plus difficile.
Certains adultes se demandent si la société doit rester adultiste. De nombreux enfants et adolescents souhaitent également mettre fin à l’adultisme. Ça a du sens. Car cela pourrait aider les enfants à avoir davantage confiance en eux. Cela pourrait aussi leur donner un meilleur rapport à la vie. Ils pourraient expérimenter eux-mêmes ce qui est bon pour eux. Et ils pourraient alors mieux se protéger.
Bien sûr, il y aurait toujours des différences entre les enfants et les adultes. Mais les adultes ne domineraient plus les enfants. Tous ce que les enfants feraient et penseraient seraient pris au sérieux. Les enfants ne seraient plus traités comme des êtres inférieurs, mais comme des égaux. Les enfants pourraient participer aux décisions partout. Les enfants et les adultes seraient alors partenaires. Il n’y aurait plus d’éducation, mais des relations !
Comment imagines-tu une société sans adultisme ? Quelles seraient les relations entre adultes et enfants ?
Que peut-on faire contre l’adultisme ?
Depuis longtemps déjà, certains enfants, jeunes et adultes s’opposent à l’adultisme. Certains le font consciemment. D’autres le font plutôt de manière non réfléchie. Certains le font seuls, d’autres en groupe. Mais ils utilisent rarement le mot « adultisme ». Ce n’est pas nécessaire.
Par exemple, des élèves se sont regroupés pendant la période du Covid. Ils se sont battus contre leur mauvais traitement. Ils se sont plaints de ne pas être écoutés. Certains ont rédigé une pétition et ont également demandé à des adultes de les soutenir. Ils voulaient notamment plus de masques et de tests rapides pour les écoles. Ils voulaient qu’on leur demande quelles seraient les mesures de protection dans leurs écoles. 150 000 personnes ont signé la pétition. Ensuite, des politiciens les ont écoutés. Reste à voir si les choses vont changer.
As-tu déjà défendu quelque chose de similaire ? Comment t'y es-tu pris ?
Beaucoup d’enfants et d’adultes ont déjà été en colère contre l’école. Il y a plus de 100 ans déjà, des adultes ont développé de nouvelles formes d’école. Où, les élèves étaient plus libres. Ils pouvaient décider de ce qu’ils voulaient apprendre et quand ils voulaient l’apprendre. Les élèves n’y apprenaient pas seulement des enseignants, mais aussi des autres élèves. Ou d’autres personnes de la ville. Certaines de ces écoles existent encore aujourd’hui ou sont en train de se créer. Elles s’appellent « écoles démocratiques » ou « écoles alternatives ». De temps en temps, il y a même eu des tentatives de supprimer l’obligation scolaire. Les enfants pouvaient alors aussi faire l’école à la maison. Mais il faut alors faire attention. Car les parents ne sont pas toujours de meilleurs enseignants. Peut-être qu’un jour, l’école obligatoire sera remplacée par un „droit à l’éducation“ autodéterminé ?
Les écoles ordinaires ont également avancé. Les droits de l’enfant y prennent de plus en plus d’importance. Dans certaines écoles, il y a des conseils de classe ou des parlements d’élèves. Cela devrait permettre aux élèves de prendre beaucoup de décisions dans leur école. Malheureusement, certains enseignants ne le permettent pas ou utilisent le conseil de classe à d’autres fins. Par exemple pour retrouver le calme dans la salle de classe. Ou pour rattraper les cours.
À quoi ressemblerait ton école ou ta forme d'apprentissage idéale ? Qu'est-ce qui la différencie des écoles et des formes d'apprentissage « normales » ?
Dans les foyers et les familles d’accueil en Allemagne, les enfants ont un « droit de plainte ». Les enfants peuvent se plaindre auprès des adultes lorsqu’ils trouvent quelque chose injuste. Ou s’ils sont mal traités. Pour cela, il peut y avoir une personne de confiance dans l’établissement. Ou en dehors de l’établissement, par exemple dans un service de médiation. Mais le droit de plainte est assez récent et n’est pas encore mis en œuvre partout. Il faut maintenant que cela se fasse rapidement.
La protection de l’enfance est également souvent adultiste. Mais elle ne doit pas nécessairement le rester. Pour cela, il est important que les enfants deviennent plus forts. Ils ne doivent pas être limités, contrôlés et punis. Au lieu de cela, les adultes doivent aider les enfants à reconnaître les dangers. Les enfants doivent pouvoir émettre des critiques. Les adultes doivent laisser les enfants prendre leurs responsabilités. Ils doivent faire confiance aux enfants pour fixer eux-mêmes des limites et les soutenir dans cette démarche. Et ils doivent informer les enfants de leurs droits. En outre, les conditions dans lesquelles les enfants grandissent doivent être améliorées. Par exemple, la pauvreté des enfants et la violence envers eux ne doivent plus exister. Et les enfants doivent recevoir rapidement de l’aide s’il leur arrive quelque chose. De nos jours, tout cela doit également être pris en compte pour internet et les jeux vidéo.
Il est important que les enfants et les adultes connaissent les droits de l’enfant. Car ce n’est qu’ainsi que les enfants peuvent savoir à quoi ils ont droit. C’est-à-dire ce qu’ils ont le droit de faire ou ce qu’ils devraient recevoir. Des enquêtes menées en Allemagne montrent que ce n’est malheureusement pas souvent le cas. Seul un enfant sur sept connaît plusieurs droits de l’enfant. Chez les adultes, ils sont encore moins nombreux. Presque tous les pays du monde ont signé la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, par laquelle ils se sont engagés à mettre en œuvre les droits de l’enfant. Les 41 droits de l’enfant sont parfois résumés. Chaque enfant a droit :
- à l’égalité
- à la santé
- à l’éducation
- aux jeux aux loisirs
- à la liberté d’exprimer son opinion, de s’informer et d’être écouté
- à une éducation sans violence
- à la protection en cas de guerre et de fuite
- à la protection contre l’exploitation économique et sexuelle
- aux soins parentaux
- à la prise en charge du handicap
Quels droits de l'enfant connaissais-tu déjà ? Quels autres droits de l'enfant souhaiterais-tu voir appliqués ?
Nous avons déjà écrit précédemment que les droits de l’enfant des Nations Unies n’étaient pas parfaits. Ils devraient être développés par les enfants. Mais c’est une bonne chose qu’ils existent. Comme tu le constates certainement toi-même, les droits de l’enfant ne sont pas toujours appliqués. Pour qu’ils soient mieux appliqués, il faut que beaucoup plus d’adultes et d’enfants les défendent.
En Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, des enfants travailleurs se sont réunis en groupes. Ces groupes rassemblent souvent plusieurs centaines de jeunes et sont en contact avec d’autres groupes. Ils parlent de ce qui va et de ce qui ne va pas dans leur travail. Ils réfléchissent ensemble à la manière d’améliorer leur travail. Ils veulent travailler et gagner de l’argent. Mais ils veulent aussi être bien traités, ne pas avoir à se mettre en danger et être payés correctement. Ils se défendent ensemble contre les adultes qui les traitent mal. Ces « mouvements d’enfants » sont également soutenus par des adultes. Mais malgré tout, ce sont les enfants qui disent ce qu’il faut faire. Les adultes les aident à faire ce qu’ils ne peuvent ou ne doivent pas faire eux-mêmes. Par exemple, signer un contrat. Parfois, les mouvements d’enfants sont même écoutés par les politiques. Ces jeunes n’utilisent presque jamais le mot « adultiste ». Pourtant, ils contribuent à lutter contre l’adultisme.
Voici d’autres exemples d’enfants et de jeunes qui s’engagent, seuls ou avec d’autres, pour une vie et un avenir meilleurs :
- Greta Thunberg et Fridays for Future
- Dernière génération
- Jugendliche ohne Grenzen (Jeunes sans frontières)
- Felix Finkbeiner
- Malala Yousafzai
- Emil Rustige
- Ahed Tamimi
- Panchayats de Makkala
- Mouvements d’enfants travailleurs, comme UNATSBO, MAEJT ou MOLACNATS
Comment et pourquoi ces enfants et ces jeunes se sont-ils engagés ? Cherche leurs noms ou leurs groupes sur Internet !
En Allemagne, il y a également eu le Naiv Kollektiv. Des jeunes et des moins jeunes qui donnent ensemble des conférences et des ateliers contre l’adultisme. Ils interviewent des personnes et écrivent des textes. Ils utilisent le mot « adultisme » en connaissance de cause. Vous pouvez regarder leur vidéo explicative sur YouTube ici : https://youtu.be/iITfj-kpnOQ.
Parfois, les enfants et les jeunes s’engagent spontanément pour quelque chose parce qu’il s’est passé quelque chose de grave. Ils en ont le droit. Car les enfants aussi ont le droit de manifester. C’est ce qui est arrivé en 2018 à Dacca, la capitale du Bangladesh : des automobilistes imprudents avaient déjà renversé plusieurs enfants. Certains en sont morts. Les jeunes ont alors manifesté par milliers et contrôlé les automobilistes. Le gouvernement n’a pas du tout trouvé cela drôle.
Un autre exemple est celui des enfants qui ont peu d’argent et pas de maison ou de famille. Ils s’associent souvent pour mieux survivre. Ils se montrent mutuellement comment se procurer de la nourriture ou des médicaments. Ils se protègent mutuellement là où ils dorment. Certains cultivent même des légumes ensemble pour avoir plus et mieux à manger. Ils partagent le travail et leurs affaires. Par exemple au Pérou ou au Sénégal.
Tu vois : les enfants peuvent s’associer à d’autres. Ensemble, ils sont plus forts. Si tu veux un jour regarder un documentaire sur des enfants et des jeunes qui s’engagent pour quelque chose : cherche le film Demain est à nous du cinéaste Gilles de Maistre. Ou le film Kinder an die Macht (« Les enfants au pouvoir ») de la cinéaste Anna Kersting.
Il est tout aussi important que les adultes réfléchissent à leur pouvoir. Sans que la présence d’enfants soit nécessaire. Les adultes doivent se demander :
- Quel est mon pouvoir en tant qu’adulte ?
- Où est-ce que j’exerce le pouvoir ?
- Comment renoncer au pouvoir sur les enfants ?
- Comment partager le pouvoir avec les enfants ?
En outre, les adultes devraient se demander à quoi ressemblent leur environnement et leur vie quotidienne :
- De quel espace les enfants disposent-ils pour se déplacer de manière autonome et sans souci ?
- Combien de temps libre les enfants ont-ils ?
- Quels sont les objets que les enfants peuvent utiliser librement ?
- Où les enfants peuvent-ils influencer les décisions ?
Et ils doivent réfléchir à l’impact que leur mode de vie a sur l’avenir des enfants :
- Ont-ils un environnement, des plantes et des animaux sains ?
- Peuvent-ils bien vivre ?
- Les enfants auront-ils à l’avenir les mêmes conditions qu’aujourd’hui ?
- Qui parle au nom des enfants qui ne sont pas encore nés ?
Dans le cadre du projet KinderTheaterGesellschaft de l’association GRIPS Werke e.V., des jeunes âgés de 9 à 12 ans ont formulé des revendications :
Comment les adultes doivent nous traiter !
- Si nous avons des problèmes, demandez-nous ce qui ne va pas au lieu de nous aider tout de suite. Si nous n’avons pas d’idées, alors vous pouvez en proposer.
- Réfléchissez avant de crier.
- Vous pouvez nous demander gentiment d’écouter au lieu de directement péter les plombs.
- Vous parlez fort pour que nous comprenions mieux. Mais nous ne comprenons pas mieux quand vous parlez fort.
- Les adultes doivent chercher à comprendre ce que nous voulons exactement et dire ce qu’ils ne veulent pas, puis trouver une solution qui convienne aux deux.
- Les comparaisons avec les personnes plus âgées ou avec votre enfance ne servent à rien. C’était une autre époque. Le monde change très vite.
- Dites-nous ce que nous avons encore le droit de faire plutôt que ce que nous devons arrêter de faire maintenant.
- Même si vous êtes occupés, écoutez attentivement pendant quelques instants.
- Essayez donc vous-mêmes les conseils que vous nous donnez (par ex. une journée sans téléphone portable).
- Ne dites pas de choses stupides ou personnelles sur nous devant tout le groupe. Mais plutôt après, en privé. Cela rend certains enfants vraiment tristes et en colère.
- Si nous avons un fou rire, ne demandez pas devant tout le monde ce qui était si drôle et n’essayez pas de rire avec nous, c’était peut-être quelque chose de privé.
- Les adultes doivent nous demander la permission avant de dire des choses sur nous.
- Quand un adulte se penche pour parler à un enfant parce qu’il est plus petit, ce n’est pas agréable.
- Les adultes ne doivent pas faire semblant de tout savoir.
- Les adultes doivent expliquer les choses aux enfants et faire attention à être justes.
Extrait de : How to deal with us ! Comment les adultes doivent se comporter avec nous ! (à télécharger gratuitement sur www.gripswerke.de/veroeffentlichungen). Auteurs: Alice, Amnon, An-Nhien, Anna, Atay, Carlotta, Cassandra, Cosima, Deniz, Ella, Emily, Felia, Hana, Helene, Igballe, Jette, Jolanda, Julia, Julie, Justin, Kaan, Kiara, Lea, Leah, Lena, Lennox, Levy, Linda, Lotti, Luis, Luka, Madita, Mai, Marie, Mateo, Mia, Mila, Milan, Mine, Mir, Mona, Nike, Pauliana, Rayan, Razen, Sara, Shira, Shirali, Sophie, Tom, Vinzenz, Yelena & Yuri. Publié par Wiebke Hagemeier.
En Allemagne, les gens ne peuvent voter aux élections du Bundestag qu’à partir de 18 ans. Depuis des années, certains adultes et enfants souhaitent que les enfants puissent voter. Ils ont fait différentes propositions. Certains veulent que les enfants puissent voter dès 16 ans. D’autres veulent que les enfants puissent voter dès 12 ou 14 ans. Certains souhaitent même que les enfants aient le droit de voter dès la naissance : c’est-à-dire, bien sûr, quand l’enfant le décidera lui-même. Certains veulent que les parents votent pour leur enfant en attendant.
Beaucoup d’adultes disent que les enfants ne doivent pas voter. Ils disent que les enfants ne comprennent rien à la politique. Pourtant, il y a beaucoup d’adultes qui ne comprennent pas la politique. Et ils peuvent quand même voter. Nous pensons qu’il n’y a pas de bons arguments pour empêcher les enfants de voter. Car ils sont aussi concernés par les décisions politiques.
Une question importante est de savoir si les adultes doivent parler pour les enfants. Ou si les enfants doivent toujours parler pour eux-mêmes. Nous pensons que les adultes doivent parfois le faire. Mais ils devraient toujours parler aux enfants avant et après. Et ils doivent donner aux enfants la possibilité de s’exprimer partout s’ils le souhaitent. Cela peut par exemple aussi être lors d’une réunion d’adultes.
Dans quels cas les adultes doivent-ils être autorisés à parler en ton nom, et dans quels cas préfères-tu qu’ils ne le fassent pas ?
Être contre l’adultisme ne signifie pas que les enfants ont désormais autorité sur les adultes. Ou que ce que font les enfants n’a aucune importance. Les adultes aussi ont des droits. Après tout, il faut pouvoir s’entendre si nous voulons avoir une vie vraiment agréable.
Il s’agit de faire en sorte que les gens soient justes les uns envers les autres. Il s’agit que les adultes et les enfants se parlent et s’écoutent. Qu’ils prennent des décisions ensemble et partagent le pouvoir. Les enfants doivent être pris au sérieux. Leur opinion doit être placée au premier plan lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes les concernant. Cela figure également dans la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. L’article 3 traite de la primauté de « l’intérêt supérieur de l’enfant ». Nous espérons que le résumé de notre gros livre te sera utile. Peut-être pourras-tu en parler avec des amis ? Et nous espérons que tu as autour de toi des adultes de confiance avec lesquels tu peux discuter de l’adultisme, si tu le souhaites. Peut-être que cela changera déjà quelque chose. Et après tout, les adultes peuvent aussi continuer à grandir – parfois en se dépassant eux-mêmes !
Glossaire
- Une société, c’est un ensemble de personnes qui vivent ensemble. Par exemple dans un pays, un lieu ou une région.
- Les Nations unies regroupent presque tous les États du monde. Ils ont déclaré vouloir y travailler ensemble à rendre le monde plus juste.
- Les pédagogues sont des personnes qui travaillent avec des enfants et des jeunes et qui souhaitent les éduquer.
- Une personne a du pouvoir lorsqu’elle peut exercer une influence sur d’autres personnes, animaux ou choses. Mais le pouvoir peut aussi servir à se défendre.
- La Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant (ou Convention internationale des droits de l’enfant, CIDE) contient 41 articles qui promettent aux enfants des droits de protection, de soins et de participation.
- Une religion est un système de pensée auquel un groupe de personnes croit collectivement. Elle contient de nombreuses règles et commandements. Dans une religion, il y a un dieu, une déesse ou même plusieurs dieux et déesses.
- Les citoyens sont les personnes qui appartiennent à un État. Ils peuvent plus ou moins s’exprimer et participer aux décisions selon les pays.
- En politique, on prend des décisions importantes. Par exemple, qui reçoit quelle quantité de quoi. Ou s’il faut construire une nouvelle route ou une aire de jeux.
- Une personne est dite « mineure » lorsqu’elle a moins de 18 ans. Pourtant, le terme « mineur » est déjà un peu insultant.
- Presque tous les pays ont une constitution dans laquelle figurent les principales règles de la vie en commun.
- Dans de nombreux pays, les gens votent régulièrement pour décider qui peut gouverner.
- Le mot sexe a plusieurs significations. Ici, il s’agit de montrer les parties sexuelles, jouer avec, aussi se toucher mutuellement, se donner du désir et du plaisir ou « coucher » ensemble.
- Avec le changement climatique, la Terre se réchauffe de plus en plus sur une longue période. C’est dangereux pour l’humanité et pour l’ensemble des êtres vivants. Les centrales électriques au charbon et les grosses voitures, par exemple, contribuent au changement climatique.
- Les psychologues sont des personnes qui s’occupent des sentiments, des pensées et du comportement d’autres personnes et parfois les aident à résoudre des problèmes.
- On domine une autre personne lorsqu’on exerce un grand pouvoir sur elle pendant une longue période.
- Dans une pétition, des personnes s’engagent pour une cause et demandent à d’autres de la soutenir. Ils transmettent ensuite la pétition à des politiciens et espèrent (parfois en vain) un changement.
- Un service de médiation t’aide (ainsi que d’autres personnes) à faire valoir tes droits. Les gens qui y travaillent te conseillent et t’accompagnent parfois lors d’une audience au tribunal.
- Lorsque les gens ne sont pas d’accord avec quelque chose et qu’ils l’expriment d’une manière ou d’une autre, ils émettent une critique.
- Les gens manifestent lorsqu’ils descendent ensemble dans la rue et s’engagent pour ou contre quelque chose en faisant du bruit ou en portant des pancartes.
- Parfois, on peut convaincre les gens par de bons arguments (= des raisons pour ou contre quelque chose).
À propos des auteurs et de l’illustratrice
Manfred Liebel a été professeur de sociologie à l’université technique de Berlin jusqu’en 2005 et a dirigé de 2007 à 2021 le master « Childhood Studies and Children’s Rights » à l’université libre de Berlin et à l’université des sciences appliquées de Potsdam. Il est père de deux enfants, aujourd’hui âgés de 25 et 31 ans, et vit à Berlin.
Philip Meade est chargé de cours dans le master susmentionné. Jusqu’en 2020, il était chargé des droits de l’enfant au sein du service d’aide à la jeunesse de Berlin. Aujourd’hui, il travaille de façon indépendante sur les droits de l’enfant et l’adultisme. Il vit avec 35 personnes âgées de 1 à 66 ans dans un habitat partagé berlinois.
Natascha Welz, alias « Tasche », est pédagogue artistique et caricaturiste. Elle dessine d’une plume acérée pour les médias éducatifs, illustre des livres scolaires ou organise des séminaires pour les professionnels de la pédagogie précoce sur l’art et les sciences et techniques. Elle vit à Berlin avec ses quatre enfants.
Texte de couverture
Dans notre société, les enfants sont souvent méprisés, déterminés par d’autres et désavantagés. C’est ce que nous appelons l’adultisme. Ce livre explique le sujet avec un langage simple, des dessins et des photos. Nous montrons comment les jeunes sont touchés par l’adultisme. Dans la famille, à l’école, dans les transports, en politique. Par des règles et des interdictions dans la vie quotidienne.
Mais nous donnons aussi des exemples de ce que les jeunes peuvent faire contre l’adultisme. Et comment les adultes pourraient partager leur pouvoir avec les enfants. Nous pensons que les enfants devraient déjà pouvoir voter. Les droits de l’enfant doivent être connus et appliqués. Et la politique doit changer pour que les enfants la trouvent intéressante.
Cela contribuerait à un monde dans lequel tous sont pris au sérieux et participent à la vie commune. Quel que soit leur âge.
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Version en ligne 2023 sous licence CC BY-NC-SA 4.0.
Version imprimée © 2023 by Bertz + Fischer GbR, Franz-Mehring-Platz 1, 10243 Berlin.
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ISBN 978-3-86505-775-4
La réalisation des dessins pour cette publication a été réalisée avec l’aimable soutien du Deutsches Kinderhilfswerk e.V..